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Lise Benincà

Des objets de rencontre. Une saison chez Emmaüs

Préface de Charles-Édouard Vincent

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Parution : 21-08-2014

Lise Benincà a passé plusieurs mois au sein d’Emmaüs Défi, rue Riquet à Paris. Elle a eu l’envie de donner voix à ces objets patinés, dépareillés, parfois ébréchés mais toujours singuliers, qui sont passés de main en main avant d’arriver chez Emmaüs, cette association, créée par l’abbé Pierre, qui les revend à des prix modiques.
Puis la présence des hommes et des femmes, salariés en réinsertion professionnelle chez Emmaüs, aux parcours chaotiques, eux-mêmes en transit, eux-mêmes patinés par la vie, s’est imposée entre les lignes qu’elle écrivait autour des objets – fragiles échos d’existences passées et inconnues. Alors elle s’est mise à parler d’eux, aussi. De leurs trajectoires, de leurs espoirs, de leur détresse et de leur volonté. Ils sont ainsi devenus les personnages émouvants d’un récit qui retrace, à travers le prisme des choses, l’ambiance et la dynamique émanant de ce lieu étonnant, le métier de ceux que l’on appelle les «travailleurs sociaux», ainsi que la multitude des situations qui peuvent conduire à la rue.
C’est au pouvoir des mots et de la mémoire que l’auteur réfléchit, citant Perec et Giono, et plus généralement à celui des livres, «prêts à tout pour aider le monde à tenir debout».

 

Pourquoi parler de ce livre?

Tout créateur rêverait qu’un écrivain se penche sur son travail.

Pour parler de l’histoire de la matière et de sa transformation, de celui qui produit, des outils… Un objet est plein d’humanité.

Pour sortir un peu de la mode et des brèves shopping ou tendances des magazines de déco ou autres féminins.

Mais ce livre est aussi l’objet d’un fantasme. Dans 30, 50 ou 100 ans, notre carafe, notre meuble se retrouvera t-il apprécié et acheté par d’autres générations, dans une brocante, chez Emmaüs ou aux puces ?

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Les 101 mots du matériau dans le design à l’usage de tous.

Auteur : Daniel Kula – Editeur : Archibooks.

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Dirigé par Daniel Kula, l’ouvrage rassemble les contributions de personnalités issues du monde de la création mais aussi de la sphère universitaire. Il a pour ambition de traiter des enjeux autour de la matière et des matériaux, de plus en plus présents dans les préoccupations des designers. Ainsi, de « Cuir » à « Animal » en passant par « Béton » et « Mémoire », le lecteur pourra, au gré des points de vue des auteurs, réfléchir au statut du matériau (« Honnête » ou « Quantique » ?) et à sa destination première (« Luxe » ou « Vivre ensemble » ?).

Territoire 

par Jean-François Bellemère

Jusqu’à récemment encore, les lieux de production se situaient à proximité de l’approvisionnement des matières premières. La nature même du sol et sa géologie ont fait naître des ateliers ou des usines : ici des tuileries, là des fabriques de faïence, des carrières d’ardoise ou des scieries…

Visible par son exploitation, la ressource pouvait ainsi se quantifier en termes de durée, d’épaisseur, de surface. Le rapport était direct.

Les échanges, la fluidité par les transports et l’ère du « tout, partout, tout le temps » ont totalement perturbé cette logique du territoire, et rendue confuse l’évaluation des limites en stock disponibles d’une matière, puisqu’ils ne sont désormais plus visibles.

Le matériau est extrait dans plusieurs points de la planète et se transforme là où les coûts sont les plus bas. Il devient donc une matière presque prétexte, et l’objet un produit.

Déconnectée de sa géographie, l’image du matériau est brouillée. Elle perd son identité et devient simple réponse fonctionnelle à un besoin d’ensemble. Le transformateur, qu’il soit ouvrier ou technicien, n’est de ce fait plus l’acteur direct de sa production comme peut encore l’être un vigneron. Dans le meilleur des cas, on assemble ici des multitudes provenant de là-bas.

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De par leurs spécificités naturelles, les matériaux exploités localement ont développé des métiers, des savoir-faire, entraînant des particularités architecturales, façonnant des paysages entiers.

Ce lien entre territoire et production n’a pas figé une technique qui se serait contenté d’une répétition. De perpétuelles évolutions à la fois dans le geste et l’outil ont produit des objets réunissant l’intelligence du cerveau et celle de la main.

La transformation de la matière en objet était parfois visible, la valeur ajoutée apportée lors de ce processus de transformation évaluée. A travers la vitrine du bijoutier, du luthier ou du tailleur, on pouvait apercevoir le geste de travail. Apercevoir n’est pas comprendre toute la technicité nécessaire à la construction d’un objet, mais l’imaginaire peut se mettre en marche. Sans cette juxtaposition, la matière se fait plus inerte, dissociée de ses références.

La déterritorialisation de la production a impliqué deux grands phénomènes : le premier concerne le producteur lui-même. L’éloignement des métiers de spécialisation a rendu les producteurs plus vulnérables aux aléas des flux immatériels, à la complexité des échanges, à une concurrence sans frontières.

Le second a un impact direct sur le consommateur : la provenance des produits est désormais incertaine ; la question du « où » et du « comment c’est fait » sont devenues opaques. De plus, la matière elle-même perturbe nos repères. Ainsi les sols plastiques imitent-ils des parquets, et les tableaux de bord de nos voitures un grain de cuir.

La séparation entre la matière transformée par le producteur et le consommateur rompt une chaîne naturelle et historique.

En un sens, la publicité ou le marketing tentent de ressouder cette chaîne, de réopérer des mouvements de désir pour émettre des signes de substitution. Pour cela, les méthodes opératoires sont simples : coller à la mode, agréger un nom connu, opter pour le décalage afin de se faire remarquer.

Au final, le produit n’est plus vendu pour ce qu’il est mais par un message de séduction, il émet une promesse.

Cependant, en observant certains signes – comme l’augmentation incessante du prix des transports, la volonté croissante d’une traçabilité des produits, le désir de consommer plus localement, l’exigence de qualité ou de durabilité -, les concepts historiques de production se réinventent, remettant en cause l’idée même de séries industrielles. Les technologies apportent des possibilités quasi illimitées dans la conception et dans la transformation de la matière, que le geste manuel ne pourrait pas toujours produire. De nouvelles pratiques comme les Fab Labs qui émergent au sein des entreprises se démocratisent en lieux ouverts, essaiment toutes les régions. Ces lieux de fabrication numériques et collaboratifs opéreront la jonction nouvelle avec la production : chacun pourra dans ces ateliers travailler directement la matière pour sa propre expérience et en fonction de ses besoins. D’une certaine manière, on pourrait dire que le monde de demain sera celui de la demande et non plus de l’offre.

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S’il y a un lien entre le matériau et son territoire, une certaine visibilité de sa transformation (savoir-faire localisé sur ce territoire), alors une connexion « affective » s’opère de fait entre l’usager et l’objet.

Certains de ces objets, par exemple signés du nom d’une ville (la dentelle de Calais, la coutellerie de Thiers, la faïence de Limoges), portent une valeur patrimoniale. Ils se transmettent et s’inscrivent dans le temps. La relation affective participe donc de la valeur de l’objet, qui dépasse largement le cadre du critère fonctionnel ou de l’usage.

Ce n’est pas seulement la propriété ni les caractéristiques d’une matière qui en créent ainsi la valeur, mais tous les affects communs qui y sont liés. Une sorte de capacité collective à reconstituer des archétypes, des images ou des associations mentales.

Ce processus vaut également par les apports techniques, où l’intelligence humaine transparaît en filigrane dans l’objet transformé. Des lunettes de plus en plus légères, des textiles protecteurs du froid émettent des signes positifs, presque amicaux.

Tout l’enjeu est donc pour le créateur, en faisant appel à de nouvelles technologies et accompagné des connaissances du passé, de travailler avec des matériaux localisables pour en comprendre la ressource. Ceci en s’inscrivant dans un lien étroit entre territoire et savoir-faire, pour que naissent de nouveaux affects ou qu’ils perdurent.

L’alchimie Courvoisier

Lauréat de l’Appel d’offre – février 2013 – collection présentée en avril 2014 et visible au musée Courvoisier de Jarnac.

L’écrin

Les marques de luxe ont un passé, une histoire. Elles s’installent dans le temps et la durée.

Toute la conception de l’objet repose ainsi sur la notion de temps : le temps qu’il faut pour créer un cognac d’exception ; le temps qu’il faut pour le savoure, et donc le découvrir. Il s’agit de mettre en place un rituel, un temps de préparation à la rencontre avec le cognac XO, pour sublimer l’expérience de sa dégustation. Presque le cacher. Deux écrins  ont été créés  pour la bouteille XO.

Un écrin en chêne sculpté, accueillant le flacon, dissimulé par une cloche en verre miroir. Une légère odeur de bois brûlé s’en échappe, et l’on découvre que le fl acon y est placé comme dans le moule en bois qui aurait servi au maître verrier pour sa réalisation. L’autre, une cloche en verre opale de couleur ambrée dissimule en partie la bouteille, incrustée à une base en chêne sculptée de feuilles de vigne. Au somment de cette  cloche, une fleur laisse apparaître le bouchon du flacon et le fameux logo de la marque.

On retrouvera ainsi dans une forme simulaire des deux écrins, l’évocation de la fleur de raisin et de son fruit, la graine du chêne et le tonneau dans lequel le cognac vieillit. Dans le travail du bois, vient s’insérer le cuivre des alambics.

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Chaque matin, j’entends à la radio ce slogan d’une grande banque française. Il m’agace, au même titre que des débuts d’articles commençant par « de nos jours », « à notre époque » sans savoir pourquoi. Alors j’ai fini par me demander mais qu’est-ce qu’ils veulent bien faire passer comme message avec cette phrase?

La vraie question est de savoir si le monde bouge dans le bon sens ou dans le mauvais et comment nous y répondons tous. La banque y répond. Le monde est en insécurité permanente, ils nous vendent de la protection. Assurance et pose de caméras. On ne cherche pas à contrer la montée des eaux, on nous vend des bottes !

Si ce n’était qu’une entreprise privée, je n’aurais pas bondi, en réalité, ce slogan est le reflet de tous les discours « d’experts » et de politiques. En boucle et d’une seule et même voix, il faut s’adapter. Nous ne nous posons d’autre question que celle ci. Pas de remise en cause, de liens entre une problématique écologique ou sociale et cette continuité de rouleau compresseur.

Le produit est là bas moins cher, il faut s’adapter. Le cout du travail est ici moins cher, il faut s’adapter. Nous pouvons prendre des centaines d’exemples. Je pourrais rien qu’avec ces lignes être taxé de nostalgique démodé voir réactionnaire.

Les enjeux sont on le sait bien tout autre, ce que révèle d’ailleurs le bras de fer de ce début de moins de juin 2013 sur l’histoire des droits de douanes que souhaitent mettre en place la commission européenne aux panneaux solaires chinois (pour fin 2013). Largement subventionné par l’état chinois, les panneaux sont produits à perte, inondent le monde entier, tuent tous les autres producteurs, notamment européens et américains. Une fois tout le tissu économique mort, la production chinoise devient monopole et les prix montent en flèche. Stratégiquement bien joué. Si nous sommes réactionnaires, ils sont bien naïfs.

Pour nous détourner du fond, c’est à dire de simple chiffre de balance commerciale, on entend quelques chiffres et des producteurs bordelais effrayés par des mesures de rétentions. Enfin va t-on pouvoir parler vite et calmement de cette stupide histoire de concurrence libre et non faussée ?

On s’étonne de retrouver du cheval roumain acheté par une compagnie hollandaise pour une transformation dans le sud ouest français de plats congelés étiquetés bœuf. Pire, On feint de s’émouvoir de la mort de ces pauvres ouvriers du textile au Bangladesh, mais qui ignorait cela ? Les chantres de la mondialisation heureuse nous disent que ces pays, grâce à la désorganisation du monde sortent de la pauvreté. Mais qui s’enrichit vraiment? Et pouvons nous simplement nous poser la question en joie de vivre plutôt qu’en comptable : un paysan pauvre est-il plus heureux qu’un ouvrier esclave payé 35 euros par mois ?

J’en viens à parler des produits que je fais fabriquer en France. D’aucun me dise, « pourquoi tu ne va pas faire fabriquer ailleurs, tu vendrais bien plus. Tu t’en fous, tout le monde le fait ».

Je pourrais mettre en cause mon niveau d’anglais brevet des collèges pour ne pas passer de frontières, mais j’ai envie de dire que c’est idéologique.

J’aime aller dans les ateliers, me dire que je participe à mon échelle à la préservation de savoir faire, aux salaires décents  des uns ou des autres. C’est une lutte vaine, j’ai un canif quand d’autres on des tanks, mais je vis de mon métier, je pourrais mieux vivre encore mais à quel prix justement?

0610 Finale

Cela faisait plusieurs années qu’Olivier Chabaud et Jean-François Bellemère se promettaient de travailler à nouveau ensemble.

A l’été 2012, à l’ombre des platanes, ils ont commencé à sortir feuilles et crayons et dessiné des pièces de mobilier.

Devant l’enthousiasme de certaines idées, les questions commencent à surgir. Est-ce que ces projets se rattachent à l’histoire des produits Compagnie ? Une ligne se dégage-t-elle ?

A qui seraient destinées ces pièces, pour quels usages ?

Cette recherche commune de cohérence a rapidement trouvé une réponse. Leurs enfants, de 4 et 5 ans, ont vite regardé par-dessus l’épaule, vifs de leurs commentaires amusés et exigeants. Ils ont entamé naturellement des dessins, un jeu de ‘maquettes’.

Un regard entre Olivier et Jean-François a suffi pour les convaincre de réaliser une expérience: les enfants avec leur regard si juste allaient être partie prenante de l’aventure. Ils allaient non seulement émettre leur avis, mais revisiter les croquis, les idées.

Des projets avec des enfants, sans que ce soit automatiquement pour des enfants.

6 idées ont été développées, Olivier Chabaud et Jean-François Bellemère vous proposent d’en découvrir 4 en avant première lors des Designers day’s au showroom de Compagnie.

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Showroom Compagnie – 38, rue de Malte · 75011 Paris

Ouvert les Mercredi 5-Jeudi 6-Vendredi 7 et Samedi 8 juin de 10h à 19h

Autre jours sur rendez-vous : T. 01 43 57 30 47 · contact@editioncompagnie.fr

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Etagères Max

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Tuteur Nénuphar

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Rangements Maison

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DDAYS

 

 

 

 

 

 

 

Moaroom et Compagnie

La belle conscience, label conscience

par Roderick Fry et Jean François Bellemère

Comment orchestrer des productions belles, justes et affectives qui contribuent à préserver paysages, matières, savoir-faire et relations humaines ?

Cette question est le point de départ de tous les objets conçus sous la direction de Roderick Fry et Laurence Varga (Moaroom) et Jean-François Bellemère (Compagnie), deux designers et éditeurs reconnus de la scène française. Leur travail autour du bois issu des forêts françaises, notamment, montre qu’il est possible de créer et produire avec un sens esthétique aigu, sans compromettre ses valeurs environnementales ni sa conscience sociale. « Le bois est bon, le bois a une âme, les menuisiers sont des gens que nous voulons garder dans nos communautés. Tous les enfants devraient grandir en contact avec le bois, et les forêts durables doivent continuer à faire partie de nos campagnes. » Installés sous une verrière au coeur de Paris, ces deux personnalités vous accueilleront pour vous faire découvrir la collection Pi de Roderick Fry fabriquée en France : des pieds de métal qui s’adaptent à des tables, bancs ou guéridons composés de bois issu de forêts durables ou récupéré, ainsi qu’une série de luminaires de David Trubridge en bois naturel. Compagnie exposera les dernières créations de sa collection « Mobilier cultivé », qui se propose de pallier le manque de verdure des vies citadines en créant des consoles, cloisons murales ou tables capables d’accueillir des végétaux.

Une manière poétique d’inviter la nature dans nos intérieurs, avec un mobilier produit en France.

Showroom Moaroom et  Compagnie

38, rue de Malte · 75011 Paris

http://www.moaroom.com · http://www.editioncompagnie.fr

Ma : 13h-22h · Me-J-V-S : 10h-19h

Contact presse : Laurence Varga

T. +33 (0)9 62 29 11 57 · moa_nzdesign@yahoo.fr

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